La Gestalt thérapie est une thérapie humaniste dont le fondateur est Fritz Perls. Psychiatre et psychothérapeute allemand de formation analytique, il est formé à la Psychiatrie aux côtés de Kurt Goldstein et à la psychanalyse par Otto Fenichel, Hélène Deutch puis Wilhelm Reich notamment. Contraint de quitter le régime nazi, il s’installe en Afrique du sud avec son épouse Laura Posner. C’est à cette époque qu’il s’éloigne peu à peu de la psychanalyse et qu’il commence à élaborer sa théorie de la Gestalt. En 1946, le couple émigre à New York et fonde l’Institute of Gestalt Therapy.
Le terme de Gestalt thérapie proprement dit est apparu en 1951 à la suite de la publication de l’ouvrage fondateur intitulé “Gestalt Therapy: excitation et croissance de la personnalité humaine”, coécrit par Fritz et Laura Perls, Paul Goodman, romancier, penseur, essayiste, universitaire et Ralf Hefferline, professeur de psychologie à l’université de Columbia.
En avril 1964, Perls s’établit sur la côte californienne à l’institut Esalen, le noyau des nouvelles approches psychothérapeutiques du moment. Grâce au grand mouvement planétaire de 1968, la Gestalt thérapie se fait alors rapidement connaître à travers les Etats-Unis.
La Gestalt s’intéresse particulièrement à la façon dont nous entrons en contact avec nous-mêmes, avec les autres, avec notre environnement, à l’ajustement permanent entre un organisme et son environnement. Cet ajustement est en perpétuel changement, il n’est pas possible de fixer ce contact.
L’approche gestaltiste ne s’intéresse au passé qu’à travers son incidence sur le présent. Il s’agit de retrouver le flux continu de la conscience, du vécu, de devenir conscient de tout ce qui se passe dans notre champ perceptif. L’accent est mis sur l’importance de vivre pleinement le présent et d’être en plein contact avec ses émotions.
L’originalité de la Gestalt n’est pas dans ses techniques, mais plutôt dans son objectif qui est d’élargir le champ de nos possibles, d’augmenter notre capacité d’adaptation à des êtres ou des environnements différents, de restaurer notre liberté de choix.
Le thérapeute est actif. Il n’est pas contraint d’adopter une position déterminée par rapport à la problématique de son patient. Il est capable de s’adapter aux exigences du contexte. C’est un spécialiste de la “frontière-contact”, c’est-à-dire la zone d’échange des informations, des désirs, des besoins. Cette frontière est sans cesse mouvante, elle est notre manière d’être au monde, d’être en relation.
Le patient est considéré comme l’acteur du changement et la relation est le moteur de ce changement. Ce qui se passe entre le patient et son thérapeute est à l’image de ce que la personne crée comme forme de contact dans son quotidien.
Certaines thérapies sont centrées sur le pourquoi et recherchent l’origine du traumatisme. Ce sont des thérapies de l’amont: le cri primal et le rebirth cherchent à retrouver le traumatisme supposé de la naissance, la thérapie reichienne dénoue les noeuds de la cuirasse musculaire.
D’autres courants sont des thérapies de l’aval qui laissent de côté les origines de nos blocages et cherchent à “déboucher la rivière“ et “nettoyer les berges” pour lui permettre de couler plus librement: les thérapies cognitivo-comportementales utilisent cette stratégie.
En poursuivant la métaphore, la Gestalt thérapie est une thérapie de courant : ce qui est important, c’est le débit du courant, le comment coule la rivière, plutôt que le pourquoi.
On peut dire des psychothérapies humanistes qu’elles sont au carrefour de nombreuses influences et courants de pensée et qu’elles sont donc intégratives par nature.